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Détails sur le produit
- Publié le: 2017-04-20
- Langue d'origine:
Français - Dimensions: 9.02" h x
.86" l x
5.98" L,
1.24 livres
- Reliure: Broché
- 422 pages
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Par Gwen
Né en 1855, mort en 1906, Jean Lorrain fut sans aucun doute l'une des personnalités littéraires les plus flamboyantes de son temps. Homme d'excès, il aimait pousser la fantaisie et l'irrévérence jusqu'au scandale. Loin des moeurs étriquées et des conventions étouffantes de son époque, il revendiqua toujours haut et fort sa liberté de parole et d'action. Ethéromane, bisexuel, provocateur, ennemi de la bienséance et de l'hypocrisie bourgeoises, c'est par la poésie qu'il fit son entrée dans le monde des Lettres, avant de devenir l'un des chroniqueurs les plus en vue de Paris. Honneur redoutable, puisqu'une critique acerbe des Plaisirs et les Jours lui vaudra, en 1897, un duel avec Marcel Proust, pas moins! Ah, c'est qu'on ne plaisantait pas avec l'Honneur, en ce temps-là... Mais c'est bien sûr comme romancier que la Postérité a surtout retenu cet extravagant personnage à la biographie sulfureuse... Un romancier qui aura su, dans le sillage de Huysmans et de Rodenbach, donner à la Littérature "fin-de-siècle" l'un de ses plus beaux chefs-d'oeuvre... Et l'un des plus troublants...C'est en 1901, à 46 ans, que Lorrain fit paraître ce roman. L'intrigue en est ténue. Un certain Duc de Fréneuse, alias Monsieur de Phocas, dandy hautain et mystérieux, vit plus ou moins reclus dans son hôtel particulier, ayant renoncé à toute vie mondaine pour se consacrer à sa passion pour les pierres précieuses. Sujet à une curieuse névrose, il cherche en effet à retrouver une certaine qualité de regard -l'oeil d'Astarté- qui le fascine par sa transparence verte et glauque... Le voilà donc qui erre de joailleries en musées, puis de musées en bas-fonds, traquant au fond des gemmes, sur les visages des statues antiques et jusque dans les prunelles des catins la vision émeraudée qui le hante... Quête étrange et périlleuse qui va l'entraîner jusqu'aux confins de lui-même... C'est de toute évidence sous l'influence directe de Huysmans, et en particulier, d'A rebours, que Jean Lorrain écrivit ce livre. On y sent, d'emblée, le même souci esthétique, la même volonté de raffinement, une exigence de style absolue, et cette nonchalance décadente qui rend Monsieur de Phocas aussi fascinant que Des Esseintes, son frère en mal de vivre. Pourtant, en dépit de ces connivences, il y a dans ces pages un ton singulier et une poésie unique dont le subtil venin se distille lentement en vous au fil de la lecture.Ecrit sous la forme d'un journal et sur le ton de la confession, "Monsieur de Phocas" est une longue dérive névrotique où s'entrechevauchent diverses thématiques chères à l'Auteur: vice, drogue, fange, crime, bref tout ce qui fait horreur à la "bonne" société mais aura nourri, au cours des siècles, tant de merveilleux romans! Est-ce à dire que ce livre se complaît dans une certaine ambiguité malsaine? Certains le pensent... Mais sans doute sont-ce les mêmes qui réprouvent Sade, Darien ou Genet... A frôler d'un peu trop près certains sujets, on froisse toujours les "belles âmes" promptes à enfourcher les destriers de la Vertu... Non, ce livre n'a rien d'immoral ou d'amoral... C'est une plongée dans la psyché tourmentée d'un homme en proie au vertige d'être et qui cherche à s'en guérir par une thérapie toute personnelle... Certaines pages font penser au Portrait de Dorian Gray... D'autres, par leur poésie convulsive et leur langue enfiévrée, rappellent Lautréamont ou Villiers de L'Isle-Adam... En fait, ce n'est pas l'intrigue qui retient ici le lecteur, mais le ton général de l'oeuvre, la personnalité torturée du narrateur et surtout sa prose à la fois précieuse et désinvolte, violente et poétique, luxurieuse et luxuriante, riche de cette suprême élégance dont nos écrivains de jadis avaient le secret...Dernier grand roman du 19ème siècle, "Monsieur de Phocas" est aussi le premier chef-d'oeuvre du 20ème.
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